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Le phénomène (et les dangers) des parents hélicoptères

Deux articles pour évoquer le même sujet :

Sara Jore-Pivet pour Marie-Claire et Eva Leblanc-Morin pour Planète F Magazine :



Ils tournoient continuellement au dessus de leurs enfants, planant sur leur quotidien, leurs décisions et surtout leur réussite. Qui sont ces parents “hélicoptères” et d’où vient ce phénomène ?


Rien de plus naturel de s’intéresser à la réussite et à l’épanouissement de son enfant, même quand celui-ci devient légalement adulte. De là à l’accompagner à un entretien d’embauche, peut-être pas. Pourtant c’est une situation que l’on observe régulièrement aux Etats-Unis et au Canada, où depuis plusieurs années ces “hyper-parents” ont fait leur apparition.


Qui sont ces parents hélicoptères ?

Le phénomène de parents hélicoptères a été mis en lumière par une étude datant de 2012, et poursuivie en 2015, qui avait défini le phénomène comme étant “une surimplication dans la vie des enfants incluant le fait de prendre des décisions importantes à leur place, d'intervenir dans les conflits entre enfants et de résoudre tous leurs problèmes.”


Ainsi sont considérés touchés par ce phénomène, les parents qui interviennent dans la vie de leurs enfants au point de régir leur quotidien, anticiper leurs envies, régler leurs conflits… Selon le Dr. Olivier Revol, “cela concerne plutôt les mères. Elles seraient plus hélicoptères que les pères”. Mais cela ne veut pas dire que les n’existent pères hélicoptères n’existent pas : ils sont juste moins nombreux.


Et si ces interventions peuvent parfois aider ladite progéniture, il semblerait qu’elles entraînent différents dérèglements dans l’apprentissage de leur autonomie.


Quels sont les dangers pour les enfants ?

Selon Florence Millot**, le rôle normal d’un parent est de donner suffisamment confiance à son enfant pour qu’il puisse aller vers le monde extérieur. Dans le cas des "parents-hélicoptères", c'est-à-dire surprotecteurs, il se produit l’effet inverse : les parents vont chercher à contrôler la vie de leur enfant dans le but de le protéger de tout, là où un parent classique cherche à pousser son enfant vers l’avenir, lui apprendre à prendre des initiatives, à rencontrer des gens, à travailler par lui-même…”, décrypte-t-elle dans une interview donnée au site Atlantico.fr.


Ce genre d’intrusion et de surveillance permanente génère des stress très (trop) lourds à supporter et entraînent très généralement un déséquilibre psychologique. Les enfants/adolescents se pensent autonomes, mais se réfèrent continuellement à leurs parents.


Parents hélicoptère : des séquelles à l’âge adulte ?

Dans un papier intitulé « Si la génération Y est incapable de grandir, c’est à cause des parents hélicoptères », SlateUS avait ainsi interrogé la psychothérapeute new-yorkaise, Brooke Donatone, pour qu’elle analyse les répercussions de ces agissements à l’âge adulte, en se fondant sur ses patients trentenaires, perdus dans la vie, accrochés à leur jeunesse éternelle… Des adulescents qui n’arrivent pas à grandir et à prendre leur vie en main.


A noter toutefois que les séquelles s'effacent généralement dès lors que ces adulescents deviennent à leur tour, parents, ou tout simplement avec le temps.


Une chose est sûre : il faut laisser les enfants vivre, rêver et échouer pour qu'ils puissent se construire et devenir enfin, des adultes à part entière.


*Dr. Olivier Revol, psychiatre de l'Enfant et de l'Adolescent et auteur du livre "On se calme ! Enfants agités, parents débordés" Ed. JC Lattès.




Tout l’amour du monde ne peut réparer le tort causé à des enfants par leurs parents trop contrôlants. Telle est la conclusion d’une étude sur les parents hélicoptères menée par une équipe de chercheurs de la Brigham Young University, rapporte le Daily News.


Selon la définition employée dans l’étude, un parent hélicoptère s’implique trop dans la vie de son enfant. Par exemple, il prend des décisions importantes à la place de son enfant, il résout ses problèmes et se jette dans la mêlée lorsqu’il y a situation de conflit.


L’omniprésence d’un parent n’est pas sans conséquence, selon l’étude publiée dans Emerging Adulthood. Une mauvaise estime de soi chez le jeune et des comportements à haut risque, comme la consommation excessive d’alcool, sont des effets négatifs causés par les parents hélicoptères.


Même si l’enfant reçoit de l’affection, cela ne fait qu’atténuer les dommages collatéraux. L’étude affirme que l’amour d’un parent n’est pas suffisant pour balancer les impacts négatifs de son zèle. Les chercheurs recommandent aux parents de moins intervenir dans la vie de leur enfant, sans aller trop loin dans cette direction.


« Moins d’intervention ne signifie pas moins de soutien et d’amour ou d’être moins impliqué » Larry Nelson, auteur principal de l’étude


Il s’agit d’une deuxième étude réalisée par cette équipe. En 2012, elle a établi qu’une implication excessive d’un parent dans la vie de son enfant ou de son adolescent empêche ces derniers de développer des compétences clés pour leur réussite professionnelle, matrimoniale et sociale.


Les conséquences d’avoir des parents hélicoptères se manifestent souvent à l’université et mettent aussi en péril la santé mentale des jeunes adultes, met en garde Julie Lythcott-Haims, l’auteure du livre How to Raise an Adult: Break Free of the Overparenting Trap and Prepare Your Kid for Success, dans un billet publié sur Slate.com.


Laisser bouger

La surveillance excessive des parents est aussi à blâmer pour la sédentarité de jeunes Canadiens, croit ParticipACTION. L’édition 2015 du Bulletin de l’activité physique chez les jeunes, intitulé « Garder les enfants à l’intérieur : un plus grand risque », attribue la note D — pour l’ensemble de l’activité physique exercée par les enfants et les adolescents. Seulement 9 % d’entre ceux âgés de 5 à 17 ans bougent au moins 60 minutes par jour, comme recommandé.


« À force de vouloir intervenir dans les modes de vie de nos enfants pour nous assurer qu’ils sont en santé, en sécurité et heureux, nous finissons parfois par obtenir l’effet inverse. Nous appelons cela le paradoxe de la protection. » — Bulletin ParticipACTION


Le modèle éducatif des parents hélicoptères s’accorde mal avec les propositions de ParticipACTION. L’organisme à but non lucratif (OBNL) rappelle qu’il en va de la santé de l’enfant de le laisser jouer en plein air sans trop l’empêcher de prendre des risques et d’être actif, comme le rapporte CBC.ca. Le jeu libre s’accorde mieux avec le mouvement free-range kids qui prône l’indépendance et l’autonomie de l’enfant.


L’anxiété parentale


Dans un texte du dossier Pour en finir avec la peur, Patrick Gosselin, chercheur responsable du Laboratoire d’étude sur l’inquiétude et l’anxiété (LEIA) de l’Université de Sherbrooke, mentionne que les adultes deviennent souvent anxieux lorsqu’ils deviennent parents. Le chercheur s’intéresse aux vulnérabilités psychologiques qui mènent à l’inquiétude excessive et à l’angoisse.

« Il est normal de s’inquiéter et d’apprendre à ses enfants d’être prudents en traversant la rue. Ce l’est moins de les empêcher de sortir ou de vouloir les suivre à la trace avec une puce électronique. « Lorsqu’il y a des interférences dans votre vie et que vous ne sortez plus à cause de vos inquiétudes, c’est trop », avertit Patrick Gosselin. Comme traitement clinique, il propose aux parents anxieux d’augmenter leur tolérance à l’incertitude. »

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