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Méditation de pleine conscience : ses bienfaits pour les pros et les enfants

Source : Les pro de la petite enfance : https://lesprosdelapetiteenfance.fr/bebes-enfants/psycho-pedagogie/meditation-en-pleine-conscience-ses-bienfaits-pour-les-pros-et-les-enfants?fbclid=IwAR2d7CT7joh95fxJjj1_a1Tj7zP22najL-f5ScOuUNCoAUi7k17g3f6ubdQ






Une pratique bien définie qui repose sur l’observation de soi-même


On parle aujourd’hui beaucoup de méditation, que ce soit dans les médias, les films, ou encore la littérature. Mais il est important de rappeler que derrière cette grande notion existent différents types de méditation :  transcendantale, avec des mantras, bienveillante … et parmi elles la méditation en pleine conscience. Qui n’est pas non plus ni de la relaxation, ni de la sophrologie, ou même de l’hypnose. La pleine conscience, c’est «la capacité que nous avons tous à porter notre attention sur le moment présent d’une manière particulière, délibérément, sans urgence de réagir, avec bienveillance et sans juger ce qu’il se passe». Ainsi la définit Béatrice Imbert*, enseignante en psychologie positive, instructrice de méditation en pleine conscience et formatrice au sein de la fondation et association Savoir Etre et Vivre Ensemble (SEVE), créée par le philosophe Frédéric Lenoir.


Laïque et validée par les neurosciences, cette forme de méditation a été développée par Jon Kabat-Zinn, chercheur américain en biologie moléculaire, qui a créé les protocoles MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) afin de la rendre accessible à tous. «Son projet est formidable,développe Valérie Marchand**, docteur en pharmacie, formatrice en méditation pleine conscience, directrice pédagogique de la pratique de l’attention chez SEVE.L’idée de départ est qu’une partie de notre stress est liée à nos ruminations. Avec la méditation en pleine conscience, on n’est pas dans la gestion de nos émotions, de notre stress ou de nos pensées : on accueille ce qui est sans vouloir le changer. » Et la première à avoir développé la transmission de cette pratique aux enfants est Eline Snel, une thérapeute hollandaise.


La pleine conscience peut être pratiquée sous deux formes. D’une manière formelle : s’arrêter, se poser et se relier à l’instant grâce aux sensations corporelles. D’une manière plus informelle une fois qu’on a pris l’habitude de la pratiquer : être attentif à nos actions du quotidien, les vivre non pas de manière automatique mais en y impliquant les cinq sens.


Les 0-3 ans : un modèle de pleine conscience pour les adultes


La pleine conscience n’a pas besoin d’être exercée avec les enfants de moins de 3 ans. Et pour cause, comme les deux spécialistes s’accordent à le penser, ceux-ci la pratiquent déjà naturellement ! «Avant 4 ans, les enfants n’ont pas la maturité cérébrale pour se projeter dans le futur ou ressasser le passé,explique Valérie Marchand.Ils sont présents avec l'esprit du débutant à leurs expériences et explorations sensorielles. Ils sont donc naturellement en pleine conscience !» Par exemple, regarder pendant un quart d’heure une fourmi travailler, répéter inlassablement des jeux de transvasement… «Le tout-petit, dit Béatrice Imbert,prend naturellement les choses comme elles sont et a une capacité innée à ne pas être dans les pensées. Malheureusement nous adultes, les faisons sortir de leurs sensations corporelles et sensorielles pour les ramener dans leur tête.» Il s’agit donc de faire pratiquer la pleine conscience aux professionnels pour qu’ils puissent eux-mêmes maintenir celles des enfants, en leur apprenant non pas comment faire, mais comment être.


Apprendre à s’écouter pour pouvoir écouter les petits


En effet, le cerveau de l’adulte est un comme un ordinateur qui traite une infinité d’informations, et on a tendance à focaliser sur ce qui ne va pas, n’a pas été, pourrait ne pas aller … en élaborant des scénarios dans le but d’y trouver des solutions. Mais on est alors coupé du moment présent. Plus encore, en pensant à des choses stressantes, on fait vivre ce stress à notre corps. La pleine conscience peut nous apprendre à nous arrêter et observer dans le non-jugement ce que l’on vit. «Et développer la bienveillance envers soi-même est le premier pas pour avoir de la bienveillance envers autrui,rappelle Valérie Marchand.S’il l’on est à l’écoute de soi, si l’on tient compte de nos besoins et qu’on est capable d’y répondre, on est ensuite plus disponible pour écouter les émotions de l’autre et l’aider à répondre à ses besoins.» C’est donc d’autant plus précieux pour les professionnels travaillant auprès des jeunes enfants. Car pour les aider à surmonter les émotions puissantes qui les traversent et adopter des réactions appropriées, il faut d’abord qu’ils soient disponibles pour eux-mêmes.


Une pratique qui s’adapte aux enfants dès 4 ans


La pleine conscience peut en revanche se pratiquer avec les enfants dès 3-4 ans. Majoritairement pratiquée au sein d’associations ou d’organismes, elle commence très doucement à intégrer le milieu scolaire. Ainsi Béatrice Imbert intervient dans plusieurs écoles maternelles et primaires pour transmettre les protocoles de méditation en pleine conscience aux élèves et aux enseignants. Sur une période de huit semaines, chaque classe bénéficie d’une séance par semaine : vingt minutes pour les plus jeunes, une heure chez les plus grands.


Chaque séance se déroule autour d’un thème spécifique - l’attention, la gentillesse, la compassion... Pendant la séance, les enfants alternent exercices débout, assis, allongés. L’idée est de les amener, à travers bien sûr des ateliers ludiques et très imagés tels une comptine, à reporter leur attention sur le moment présent, prendre conscience de leur corps, de leur respiration, des autres… En fil rouge, une peluche qui représente Grégoire la grenouille. «La grenouille est un drôle d’animal,décrit Béatrice Imbert.Elle peut rester calme et attentive sur son nénuphar et d’un coup très rapidement, sauter au loin ou aller jouer aves copines. Elle ne gaspille pas son énergie, elle ne bouge que si nécessaire. » A ses côtés les enfants apprennent ainsi à développer la non-réactivité. Bien sûr ils peuvent bouger, mais ils ne sont pas obligés de réagir immédiatement. «Ici la méditation en pleine conscience, c’est leur faire comprendre qu’ils ont le droit d’être agités et qu’avant de chercher à se calmer, il est intéressant d’observer cette agitation en soi. »

Après chaque exercice, les petits se saisissent tour à tour de la « pierre parlante » pour exprimer leur ressenti, s’ils le souhaitent.


Pas une méthode miracle, plutôt une ouverture des possibles


Rien n’est obligatoire, ceux qui ne veulent pas participer peuvent simplement observer. «Certains enfants ont d'abord besoin de prendre du recul sur ces pratiques,précise Béatrice Imbert. Etla plupart du temps, ce sont ceux qui sont ensuite le plus impliqués! » Tous les enfants peuvent s’initier, quel que soient les codes avec lesquels ils ont grandi.

Les bénéfices ? Ils peuvent être multiples, et propres à chaque enfant. Car il faut bien comprendre que la méditation en pleine conscience ne doit pas être pratiquée dans un objectif de résultat et qu’elle n’est pas une solution miracle à tel ou tel problème - d’ailleurs, elle ne les résout pas. Mais elle permet d’abaisser différents obstacles afin de mieux avancer. «Par exemple, quand on se sent en colère,explique Valérie Marchand.Essayer de contrôler cette émotion ne fera que l'amplifier, on peut par contre venir à son contact là où elle habite dans le corps. En lui faisant une place, on prend en compte une information que nous transmet notre corps, qui n’a donc plus besoin de nous l’envoyer. Ainsi on commence déjà à s’apaiser. »


Les enseignants qui la pratiquent avec leurs élèves observent généralement que les enfants entrent plus facilement dans les apprentissages, mettent moins de temps à passer d’un moment récréatif à un moment studieux et, surtout, que leur relation aux autres est plus apaisée. Des constats largement appuyés par plusieurs études scientifiques qui montrent les effets de la méditation en pleine conscience sur : le bien-être, la réduction du niveau d’anxiété, la capacité à se concentrer et à vivre ses émotions, une meilleure relation aux autres…


S’entraîner pour faire entrer naturellement la bienveillance dans sa vie


Evidemment, la pratique de la pleine conscience ne s’arrête pas une fois les séances avec la professionnelle terminée. Béatrice Imbert encourage les enseignants comme les parents à la pratiquer avec les enfants chaque jour, même cinq minutes.

Cette régularité est une condition indispensable à la pratique de la pleine conscience. Valérie Marchand en témoigne. «Quand on n’a pas grandi à l’époque ou dans l’univers des connaissances sur les neurosciences et les pédagogies alternatives, on fonctionne souvent avec des « autoroutes neuronales » impliquant les punitions, la sévérité… Alors mettre en place la bienveillance ne va pas de soi, cela demande une réflexion et un apprentissage !» Ainsi après avoir commencé à méditer régulièrement seule, puis avec son fils alors âgé de 4 ans, elle s’est rendue compte que la bienveillance s’était développée naturellement. Sans avoir besoin de l'intellectualiser. «On se crée une petite bulle de quelques minutes dans notre quotidien et on développe l'attention bienveillante à soi. Celle-ci se développe parallèlement envers les autres et le monde.» Elle en est convaincue, la pleine conscience «c’est un cadeau qu’on se fait à soi-même».


Effets et validation scientifique de la pleine conscience : https://lesprosdelapetiteenfance.fr/sites/default/files/effets_et_validation_scientifique_dune_pratique.pdf


* Béatrice Imbert est diplômée en psychologie positive à l’Université Grenoble Alpes. Elle accompagne enfants, adolescents et parents. Elle intervient comme formatrice pour les enseignants au rectorat et dans le cadre du projet de recherche ProMobe (Promouvoir la Motivation et le Bien-être à l’école) de l’Institut Carnot de l’Education.

** Valérie Marchand a créé son propre programme de pleine conscience "Happy méditation" dont le livre éponyme est paru chez Marabout. Elle accompagne des groupes d’enfants et d’adultes. Elle est formatrice auprès d'universités, de professionnels de la petite enfance, ainsi que d’enseignants du réseau Canopé dans le cadre de leur formation continue.



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